LE RALLYE DE LA SARTHE, C'EST PAS DE LA TARTE ...
Ce n'est pas encore cette année que je gagnerai le Rallye de la Sarthe !
Déjà l'an dernier, je m'étais perdu sur le coup de 4 H du matin, victime du froid
et d'un trip dont les cristaux liquides étaient tout autant gelés que moi, alors que
je pouvais légitimement espérer un podium.
Cette année, je n'ai même pas vu l'étape de nuit.
Lors de la première spéciale, courue en ligne sur le circuit Bugatti, j'ai salement
chuté à la sortie du virage du raccordement.
Démarrée sous une petite pluie fine, notre série s'est déroulée sur une piste
mi-sèche, mi-mouillée, comme c'est souvent le cas au Mans. Je m'explique
la courbeDunlop, à l'autre bout du circuit était complètement sèche alors que les esses bleus
et le raccordement étaient encore humides.
Alors que j'étais en tête, que la moto marchait comme un avion et déposait tous les
cylindres à trous dans les bouts droits, j'ai accéléré trop tôt en sortie de virage,
la machine s'est mise en travers puis m'a éjecté à la reprise d'adhérence.
Que c'est long une chute, on aimerait que ça s'arrête et pourtant cela n'en finit
pas ...
Je me souviens avoir regardé derrière moi pour voir si la machine ne me retombait
pas dessus, puis avoir eu le réflexe de gagner le bord de la piste afin de ne pas me
faire percuter par un autre concurrent.
Après plusieurs tonneaux en l'air - on m'a raconté - la belle GODIER GENOUD gisait
lamentablement sur le flanc, se vidant de son huile encore brûlante.
Une fois la course arrêtée - drapeau rouge - mon premier réflexe a été d'aller
m'excuser auprès des commissaires de piste déjà affairés à effacer les traces de ma
chute.
Ma seconde pensée a été pour mes amis concurrents de la série classique et tout
particulièrement Gérard et Eric, avec qui j'étais en bagarre à cet instant.
Les applaudissements chaleureux et sincères que j'ai reçus de l'ensemble des
concurrents m'ont fait chaud au cour.
Je suis ensuite allé au PC médical, car ça commençait à chauffer du côté de l'épaule
droite. Une fois la combinaison tombée, le bilan n'était pas génial
des plaies etdes contusions partout, et surtout une clavicule déplacée, à fleur de peau rendant
indispensable mon évacuation sur l'hôpital du Mans.
Dans l'ambulance nous avons appris qu'un plan rouge était déclenché suite à un grave
accident de car sur l'autoroute ; je me suis donc retrouvé à l'hôpital au milieu des
autres urgences que l'on cherchait absolument à réorienter afin d'accueillir les
blessés graves de l'autocar.
Cela m'a permis de relativiser mon cas. J'ai bien dû attendre 3 H sur un brancard,
sans que personne ne s'occupe de moi.
Et l'épaule, croyez-moi, ça fait mal !
Pourtant, j'ai vu aussi le sort réservé aux petits vieux qu'on tentait de réexpédier
sans ménagement dans leur famille, aux clochards que l'on remettait dehors, au mari
de cette dame enceinte de 4 mois, stressé au maximum et à qui personne ne prenait le
temps d'expliquer que sa femme venait de faire une fausse couche ...
De l'efficacité c'est bien, mais un peu d'humanité ne gâcherait rien !
Finalement transféré dans une clinique en début d'après-midi, je me suis de nouveau
retrouvé à attendre sur un brancard dans un couloir, au milieu des autres urgences.
Lorsqu'un médecin m'a examiné ma décision était prise
s'il y avait un moyen desortir de là, je n'hésiterai pas !
J'ai subi quelques radios, n'ai pas fait mention de mes autres douleurs, notamment
au bassin, perdu puis recouvré connaissance et enfin obtenu que l'on me bloque
l'épaule droite pour pouvoir sortir, non sans promettre de consulter un chirurgien -
pour cause de ligaments arrachés - sous 8 jours.
J'ai même signé de la main gauche tous les formulaires que l'on m'a présentés !
C'est en taxi que j'ai regagné La Suze, ville de départ du Rallye.
Entre temps, ma moto avait été rapatriée dans le fourgon de Francis, chargé de
l'assistance de Gilles PLANCHON TOURLY ; le bilan n'est pas très glorieux là non
plus
la belle GODIER GENOUD a sans doute fait plusieurs tonneaux en l'air avant deretomber lourdement sur l'avant (tête de fourche) puis sur le dosseret arrière.
Elle et moi sommes amochés de partout !
Quelques pilotes ont chargé ma machine dans mon fourgon, et j'ai pu aller accueillir
mes amis concurrents à l'arrivée de l'étape de jour.
Après une (difficile) nuit de repos, j'ai décidé de reprendre la route de Paris afin
de retrouver famille et maison. Le trajet, vous l'imaginez, fut douloureux ...
Par la force des choses, je vais donc prendre un peu de temps pour me rétablir, puis
pour réparer ma machine.
Je serai sans doute présent en famille sur la prochaine épreuve, le Rallye du
Beaujolais, dans 6 semaines, afin d'aller supporter mes petits camarades, même s'il
est peut-être trop tôt pour envisager ma participation effective.
Je vais également en profiter pour apporter à ma machine les améliorations que je
n'ai pas eu le temps de réaliser entre le Moto Tour et le début de la saison des
rallyes.
Je vais enfin tenter de retrouver sérénité et plaisir de courir ... ainsi, je
reviendrai fin prêt et motivé comme jamais.
Forcément encore plus fort ...
DKL
PS
merci à tous les pilotes, commissaires et organisateurs qui m'ont apporté leuraide, leurs témoignages de soutien et de sympathie ; je serai au départ du prochain
Rallye de la Sarthe, c'est promis !
